Le jeûne est réputé stimuler les processus d’autoguérison, débarrasser l’organisme de ses toxines ou faire perdre du poids. Alors qu’en Allemagne, en Russie ou aux États-Unis le jeûne est reconnu et accompagné médicalement, en France, on considère que les preuves de l’efficacité du jeûne ne sont pas suffisantes. Quel est l’état de connaissances des effets du jeûne sur le corps ? Quels sont ses réels bienfaits?
Qu’est-ce qu’un jeûne ?
Le jeûne désigne une période de plus de 16 heures consécutives sans prise de nourriture. Si vous prenez votre dernier repas de la journée à 19 h et que vous ne « déjeunez » pas le matin, vous jeûnez donc tous les jours. C’est d’ailleurs un des principes du jeûne intermittent.
Les jeûnes continus, quant à eux, peuvent s’étendre sur une période de 3, 5, 7 ou même 21 jours. Le jeûne sec, sans eau, n’est clairement pas recommandé. Les jeûnes complets, sans aucun apport nutritif sont possibles, mais l’on conseille généralement des jeûnes à base de jus de légumes et de bouillons, avec des apports caloriques réduits.
Que se passe-t-il pendant un jeûne de 7 jours ?
Les principes d’un jeûne de plusieurs jours reposent sur un changement métabolique : au lieu de puiser ses ressources dans le glucose transformé par notre système digestif, le corps va puiser dans les réserves de graisses et de protéines, pour se concentrer uniquement sur les réserves d’acides gras dès le cinquième jour. Il passe alors d’un fonctionnement glucidique à une consommation d’énergie cétonique.
Selon les différentes théories du jeûne, le corps est conçu pour faire face à des périodes de famine et il est capable de basculer d’un mode métabolique à l’autre. La pratique du jeûne permet de se réapproprier une certaine souplesse entre ces deux modes de fonctionnement. Pour les personnes curieuses de découvrir le processus, il est possible d’explorer en douceur le jeûne intermittent ou de commencer par faire un jeûne court.
L’efficacité thérapeutique du jeûne est-elle démontrée ?
Selon le Ministère de la Santé français, «il n’existe pas à ce jour d’études scientifiques suffisamment nombreuses et rigoureuses permettant de conclure quant à l’efficacité thérapeutique ou préventive du jeûne». Pour contrer certains traitements alternatifs, une étude menée en 2017 prouve que le jeûne peut même aggraver l’état de santé des personnes atteintes de cancer. Par ailleurs, la théorie selon laquelle le jeûne a un effet détoxifiant est quant à elle considérée comme une fausse croyance. Pourtant, dans certains pays, le jeûne est considéré comme une pratique de santé préventive remboursée par les assurances de santé.
En 2014, une étude de l’INSERM ne permet pas de conclure à l’efficacité du jeûne, mais apporte un regard plus nuancé :
- le jeûne n’est pas une méthode miracle,
- les études menées n’étaient pas assez poussées pour pouvoir clairement identifier des effets significatifs,
- il est urgent que la médecine basée sur la science étudie sérieusement le jeûne pour valider son intérêt comme intervention non médicamenteuse complémentaire, comme c’est le cas pour d’autres disciplines. Cela permettrait, entre autres, d’éviter les dérives en réglementant mieux cette pratique.
Qu’en pensent ceux à qui le jeûne fait du bien ?
Pour de nombreux pratiquants, le jeûne est une véritable petite révolution intérieure et une expérience nourrissante. Pour un adulte en bonne santé, un jeûne de moins de sept jours, ne présente, en dehors de quelques désagréments passagers, aucun risque démontré. Libre donc à chacun de pratiquer le jeûne s’il en ressent le besoin et de renouveler l’expérience (pas plus qu’une fois par an) s’il y trouve des bénéfices concrets.
Pour certains, l’intérêt principal du jeûne est de rééquilibrer son rapport à la nourriture, pour d’autres, c’est un moment profond d’introspection. Dans tous les cas, il est recommandé d’être à l’écoute de soi-même, de respecter ses propres limites et de mettre la performance de côté : inutile de forcer les choses et de vivre un moment désagréable.